Dans ce troisième numéro, j’interroge pendant une heure un jeune documentariste et compositeur canadien Louis-Olivier Desmarais qui a remporté en 2017 (et non en 2019 comme dit dans l’émission) le Prix découverte Claude Schaeffer Phonurgia pour son documentaire « Abbaye » dont les caractères artistiques résonnent en harmonie avec les thématiques de ce podcast (liens entre les arts, les imaginaires et les spiritualités).
Cet amoureux du silence, des sons (en cela rien de paradoxal, philosophiquement le vide n’existerait-il pas sans le plein?) et des retraites dites « spirituelles » s’est plongé dans l’univers reculé d’une abbaye retirée du monde en pleine nature canadienne, symbolisée par ses moines, par ses murs et par la nature environnante ; ce documentaire est « immersif » dans le sens qu’il ouvre à l’auditeur, auditrice les portes d’un monde méconnu, où les sens auditifs (primitifs ?) permettent d’entrer dans un nouvel état de conscience du monde réel et au-delà du réel, une expérience mystique en quelque sorte, de la même manière que nous sommes « transportés » par une musique qui possèderait en elle-même de puissantes fonctions oniriques (les rêves). Le parcours de cet artiste qui achève un cursus universitaire jusqu’en 2021 , spécialisé dans la composition musicale est unique comme l’est la création « abbaye », puisqu’elle est une œuvre « hybride », entre reconstruction d’un univers monastique, de l’environnement intérieur (les hommes?) et extérieur (la nature, les forces invisibles, Dieu peut-être… ?) que cette abbaye abrite (ou cache ?), et création de compositions notamment musicales (mêlant bruits naturels et tonalités mélodiques à l’initiative de l’auteur).
C’est notre coup de cœur, car cette œuvre originale fait appel à des sens endormis (ou en éveil?), et réveille un questionnement permanent lié entre autres à l’immatérialité de l’âme (et peut-être des sens?), que notre époque matérialiste s’oblige à faire oublier.

Dans cette émission, Louis Olivier Desmarais livre (et se délivre?) son processus de création, décrit ses influences de toutes sortes qu’elles soient littéraires, musicales ou cinématographiques sonores . Malgré la distance de tout un océan entre l’interrogé et moi, l’interviewer (Paris-Montréal, Montréal-Paris), une proximité s’est installée au fur et à mesure de l’interview, avec l’aide d’un micro haute performance utilisé par cet artiste (donnant l’impression d’un studio parisien délocalisé et d’un effet « live » ou « on air »…). Louis-Olivier Desmarais, un artiste à suivre comme on dit, et dont les oeuvres démontrent qu’outre-atlantique, ou dans le Nouveau monde (hors-sol européen), il y a des artistes qui méritent à être connu et comble du paradoxe, ceux-ci sont parfois plus connus (ou reconnus) en Europe que dans leurs terres d’origine, ici le Canada même si une reconnaissance est en train de naître dans son pays natif.
CP
